« Il m’a dit que ça faisait partie du jeu… » : elle révèle avoir été exploitée sexuellement par un animateur influent

Elle voulait juste faire entendre sa voix. À la place, elle a connu le silence et l’humiliation. Une jeune chanteuse haïtienne installée aux États-Unis révèle avoir été manipulée, exploitée sexuellement et financièrement par un célèbre animateur de l’industrie musicale haïtienne sous promesse de promotion.

Elle a la voix douce, le regard encore blessé. C’est une étoile montante de la scène musicale haïtienne installée aux États-Unis. Elle croyait que son talent suffirait. Mais à 24 ans, elle découvre que dans le showbiz haïtien, être jeune, femme et ambitieuse peut parfois mener à des chemins obscurs. Ce n’est pas seulement une histoire d’arnaque, c’est celle d’une trahison profonde, morale, humaine.

En avril 2025, portée par l’espoir, elle, qui vivait il y a deux ans en République dominicaine, lance un nouveau single. Pour faire rayonner sa musique, elle tente le tout pour le tout : contacter un animateur très en vue, connu pour son émission virale, suivie par des milliers de fans à travers les réseaux sociaux.

Il répond. Il promet. Il demande 1 500 dollars, puis encore 1 000 quelques semaines plus tard, totalisant 2 500 dollars, pour « finaliser la programmation. Elle paie, deux fois, sans broncher. Parce qu’elle croit encore en la parole donnée.

Mais les promesses s’étiolent. Les dates se décalent. Les silences s’allongent. Et puis un jour, l’impensable : il lui suggère qu’un rapprochement physique pourrait « accélérer les choses ». Elle hésite. Elle pleure. Puis elle cède. « Je ne savais plus quoi penser. Il m’a dit que ça faisait partie du jeu… J’étais perdue », dit-elle, la voix tremblante.

Ils se voient. Ils couchent ensemble. Plusieurs fois. Toujours avec la même promesse : « On se voit au studio bientôt. » Mais il n’y aura jamais de micro, jamais d’interview, jamais de soutien. Rien. Sauf le vide. Sauf cette dernière phrase, comme un coup de poignard : « Tu n’as pas vraiment de grande aura pour mon émission. »

À ce moment-là, elle s’effondre. Elle ne comprend plus. Elle a tout donné — son argent, son corps, sa confiance. Pour rien. Il la bloque ensuite sur les réseaux. Il fait comme si elle n’avait jamais existé. Pourtant, elle le voit encore, quasi chaque jour, accueillir d’autres artistes sur son plateau, sourire aux lèvres, comme si de rien n’était.

Elle, bénéficiaire du « programme Biden », hébergée chez une amie, loin de sa famille restée prisonnière de l’insécurité gangrenant Port-au-Prince, décide alors de parler. Mais sans tout dire. Pas encore. Trop peur. Trop de honte. « Il est puissant, il connaît du monde. Moi, je débute. Si je parle, c’est ma carrière qui meurt. » Alors elle livre ce témoignage bouleversant à visage couvert, espérant alerter, sans se brûler.

Son histoire n’est pas isolée. Plusieurs jeunes artistes, dans l’ombre, murmurent les mêmes abus. Mais personne ne parle fort. Parce que dans l’industrie musicale haïtienne (HMI), surtout quand on est femme, dénoncer c’est risquer l’effacement, le boycott, le harcèlement. Alors on se tait. On souffre en silence.

Aujourd’hui, elle ne demande ni vengeance, ni guerre. Elle veut seulement qu’on écoute. Qu’on comprenne. Qu’on arrête d’idéaliser ceux qui, derrière un micro, exploitent les rêves des autres. « Je n’ai pas fini de chanter », dit-elle. « Mais je ne veux plus jamais avoir à me vendre pour qu’on m’entende. » Son cri, étouffé mais courageux, résonne désormais bien plus fort que n’importe quelle chanson.

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