À l’occasion de la célébration de la fête du drapeau, ce 18 mai 2025, la ville du Cap-Haïtien s’apprête à accueillir des centaines de visiteurs ainsi que des représentants de l’État. Alors que les rues s’animent de couleurs patriotiques et d’activités culturelles, il est crucial de rappeler que derrière cette effervescence festive, une menace bien réelle plane sur la commune : le risque sismique.
Le 7 mai 1842 reste gravé dans la mémoire collective de la ville. Ce jour-là, un séisme dévastateur, estimé à une magnitude de 8, a frappé le nord d’Haïti, entraînant la destruction presque totale du Cap-Haïtien. Des milliers de vies ont été perdues, des bâtiments coloniaux ont été réduits en débris, et des incendies dévastateurs ont ravagé ce que la terre avait épargné. Cet événement tragique a révélé, dès le XIXe siècle, la vulnérabilité de la ville face aux mouvements tectoniques.
Depuis lors, la région a connu plusieurs secousses sismiques, moins puissantes mais suffisamment préoccupantes pour rappeler la fragilité persistante du tissu urbain capois.
Aujourd’hui, Cap-Haïtien demeure exposé à un risque sismique élevé. La ville se situe à proximité de la faille septentrionale d’Haïti, une zone d’activité géologique intense. Or, malgré cette menace constante, la majorité des bâtiments ne sont pas conformes aux normes parasismiques. L’urbanisation rapide et désorganisée, l’usage de matériaux de mauvaise qualité, et l’absence de politiques rigoureuses de construction accroissent la vulnérabilité de la population.
Les infrastructures vitales comme les hôpitaux, les écoles et les institutions publiques sont elles aussi concernées, souvent vétustes et mal préparées à un séisme de grande ampleur. En cas de catastrophe, les conséquences humanitaires et économiques seraient dramatiques.
En cette veille du 18 mai, alors que la ville est sous les projecteurs, il est impératif que les autorités locales, les conseillers municipaux, les délégués, et l’ensemble des citoyens prennent un instant pour penser à cette menace silencieuse qui guette. Sur ce, il faut saluer les efforts de l’ingénieur-géologue Claude Prepetit, qui n’a jamais raté une occasion pour nous sensibiliser sur les risques qui planent sur la commune du Cap-Haïtien, notamment le risque sismique.
La fête du drapeau ne se limite pas à un simple événement commémoratif ; elle constitue également un moment de réflexion sur notre identité, notre avenir et notre responsabilité collective. Les discours patriotiques doivent s’accompagner d’actions concrètes.
Le drapeau, symbole fort de l’unité et de la résilience du peuple haïtien, ne peut flotter fièrement au-dessus d’une ville fragilisée par l’oubli et l’inaction. Réfléchir à la sécurité sismique de Cap-Haïtien, c’est honorer les générations futures. C’est bâtir une ville digne de son histoire et résiliente face aux défis de demain.
Cap-Haïtien est une ville riche en culture, en histoire et en potentiel. Cependant, cette richesse est menacée si l’on choisit d’ignorer les leçons du passé et les alertes scientifiques. Que cette fête du drapeau soit aussi celle de la prise de conscience, afin que, ensemble, dirigeants et citoyens, nous puissions construire une ville plus forte, plus sûre et véritablement libre, à l’image du drapeau que nous célébrons.
Par : Jerry St-Fleur, enseignant